Tuesday, October 20, 2009

Ode à la Guinée

Et par le soleil installant sous ma peau une usine de force et dàigles
et par le vent sur ma force de dent de sel compliquant ses passes les mieux sues
et par le noir le long de mes muscles en douces insolences des sèves montant
et par la femme couchée comme une montagne descellée et sucée par les lianes
et par la femme au cadastre mal connu où le jour et la nuit jouent à la mourre des eaux de sources et des
     métaux rares
et par le feu de la femme où je cherche le chemin des fougères et du Fouta-Djallon
et par la femme fermée sur la nostalgie s'ouvrant
                                    JE TE SALUE
Guinée dont les pluies fracassent du haut grumeleux des volcans un sacrifice de vaches pour mille
         faims et soifs d'enfants dénaturés
Guinée de ton cri de ta main de ta patience
il nous reste toujours des terres arbitraires
et quand tué vers Ophir ils m'auront jamais muet
de mes dents et de na peau que l'on fasse
un fétiche féroce gardien du mauvais oeil
comme m'ébranle me frappe et me dévore ton solstice
en chacun de tes pas Guinée
muette en moi-même d'une profonder astrale de méduses

Aimé Césaire, Soleil cou-coupé, 1948

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